Deux ans après le début de la pandémie, les vagues se succèdent toujours, avec des caractéristiques différentes. Alors que le variant Delta a causé de grands ravages, il semblerait que l’Omicron soit moins léthal, bien que ne paraissant pas être modéré par la couverture vaccinale. L’optimisme relatif véhiculé par les médias masque en partie une réalité plus sombre : les effectifs hospitaliers sont grandement réduits en raison de la multitude de cas contacts et contaminations.
C’est dans ce contexte que l’Hôpital de la Tour a à nouveau sollicité l’aide de la Protection Civile, afin de prêter main forte au personnel soignant.
Du 12 janvier au 31 mars 2022, l’OCCPAM confie à l’ORPC Meyrin-Mandement les missions suivantes : aide au personnel des urgences et gestion conjointe des centres de prélèvements et de vaccination.
Toutefois, quelques changements importants sont à relever, détaille le Commandant Didier Brodard : « les autorités cantonales m’ont conféré la responsabilité de l’intervention Covid pour toutes la rive droite et Lancy. Je reçois les missions et les attribue aux autres Commandants. Puis, je supervise les actions sur le terrain. Cela nous donne une plus grande latitude à organiser et coordonner l’intervention à notre manière ».
Cette collaboration se fait dans un excellent état d’esprit, l’idée étant de privilégier les compétences locales autant que possible. De plus, les cadres avec lesquels le Commandant Brodard travaille se connaissent bien. « Le but est de tous tirer à la même corde pour la Protection Civile. En revanche, je n’impose pas de méthode de management. Je ne peux que conseiller sur la façon de procéder en fonction des résultats que nous avons obtenu par le passé ».
Pour autant, certains fondamentaux ne varient pas : la motivation de la troupe et de l’Etat-Major, la satisfaction de l’Hôpital de la Tour. Malgré cela, l’engagement de personnel sur ces missions n’est pas de tout repos, comme l’explique le Capitaine Yvan Strummiello, adjoint du Commandant : « nous n’envoyons les ordres de marche qu’après avoir été en contact téléphonique avec les astreints, de façon à limiter au maximum les défections, les délais étant très courts. Mais certains employeurs demandent systématiquement des ajournements de service. Je passe beaucoup de temps à discuter avec eux, à négocier. L’approche est assez simple : tout le monde devra accomplir son service. Par contre, nous tentons de faire en sorte que cela impacte le moins possible le fonctionnement des entreprises. En général, cela se passe très bien ».
Malgré ces précautions, une partie des astreints se sent sous pression et avoue préférer que ce soit l’Organisation de Protection Civile elle-même qui contacte l’employeur, plutôt qu’eux-mêmes. C’est une responsabilité dont le Capitaine Strummiello se charge volontiers. « Je sais que certains de nos astreints ont perdu leur emploi, à l’expiration du délai de protection qui court dès la fin de l’engagement. Ceci est grave et même choquant, dans un pays dont certaines institutions reposent sur un système de milice ».
Dans le cadre de cette nouvelle période d’intervention, l’Etat-Major est fortement sollicité.
« Ce sont de longues journées, raconte le Premier Lieutenant Mathias Duc. On commence avant l’arrivée des hommes, et on termine après eux. Les premières missions commencent à 6 heures du matin, et les dernières terminent à 23 heures. Au début, c’étaient des journées de l’ordre de 18 à 19 heures. Depuis, nous nous répartissons les horaires par binômes ».
Mais il ne s’agit évidemment pas de faire uniquement acte de présence. « Nous nous devons d’assurer que tout se passe bien sur le terrain. Nous sommes fréquemment en discussion avec les responsables sur place, nous veillons à ce que le cadre défini de l’intervention soit bien respecté, et que nos astreints travaillent dans de bonnes conditions ».
En plus des visites aux centres de prélèvement et de vaccination, l’Etat-Major est en charge de contacter les astreints, mettre à jour les plannings, s’occuper des aspects logistiques, et être en contact avec l’encadrement de l’Hôpital de la Tour. « En raison de la forte contagiosité du variant Omicron, il a été admis que nous ne remplacions plus au pied levé les hommes déclarés cas contact ou contaminés. Cela implique d’informer constamment le personnel hospitalier de l’effectif sur lequel il peut compter. C’est un grand changement par rapport aux interventions précédentes, où notre ORPC n’avait pas eu à déplorer le moindre cas problématique. Et c’est beaucoup plus simple à gérer ».
En deux ans de pandémie, le Premier Lieutenant Duc a accumulé plus d’une année de service. Sa motivation est intacte : « être au service de la collectivité, faire partie de cette équipe, c’est extrêmement gratifiant. Il y a des moments de stress, mais aussi des moments plus calmes. L’ambiance générale est excellente, et nos gars sont motivés. Tout cela me donne beaucoup de satisfaction ».
Cet état d’esprit se reflète également dans l’engagement des hommes sur le terrain, selon le Capitaine Yvan Strummiello : « le personnel de l’Hôpital de la Tour exprime invariablement sa satisfaction quant au travail exécuté par nos hommes, tant quantitativement que qualitativement. C’est la récompense du dispositif que nous avons élaboré en intégrant tous les échelons de notre Organisation. Nous sommes très fiers de nos astreints ».