Passerelles dans les bois

Marais de Mategnin – Cours de répétition Appui

Les marais de Mategnin-les-Crêts attirent l’attention des naturalistes depuis le début du XXème siècle. Dès 1930, des associations se succèdent afin de protéger ce site d’importance nationale pour diverses espèce végétales et animales, et c’est en 1951 que l’ancêtre de Pro Natura acquiert le terrain afin d’en faire une réserve naturelle.

En 2009, la Protection Civile de Meyrin-Mandement participe activement à l’aménagement de platelages de bois faisant offices de chemins didactiques et postes d’observation. En 2020, les accès à la réserve ont été fermés, les structures étant devenues impraticables par la dégradation du bois. Pro Natura a refait appel à la Protection Civile de Meyrin-Mandement en vue de la réfection des sentiers à l’automne 2021. L’appointé Giancarlo “Ginko” Ghilardi, vétéran de notre Organisation, œuvrait déjà à cet endroit, douze ans plus tôt : “malgré les nouvelles têtes, il y a toujours cette même capacité de tirer à la même corde, la même dynamique”.

L’opération se déroule en deux phases : un premier cours de répétition d’une semaine en octobre, et un autre, de même durée, en novembre. Lors de la première phase, une trentaine d’astreints démontent les anciennes installations. Une première livraison de bois permettent aux hommes de poser une partie des nouveaux platelages. Ceux-ci ont été améliorés dans le but de durer plus longtemps, grâce à l’étude de l’usure du matériel précédent.

En novembre, le chantier doit se terminer, malgré quelques retards dans la livraison du bois. Ces contretemps n’inquiètent pas David Leclerc, en charge de la gestion et de l’entretien des réserves naturelle Pro Natura de Genève : “j’ai été hyper impressionné par la qualité du travail et la vitesse de mise en oeuvre de la Protection Civile. On sent qu’il y a une très bonne entente interne et une bonne gestion des équipes”.

Il existe trois points d’accès à la réserve. La troupe a donc entamé le travail simultanément par les trois emplacements, générant ainsi une saine concurrence, une émulation. Laurent Jost, Chef du Domaine de l’Appui dans notre Organisation développe : “il s’agit d’un cours de répétition, et j’ai choisi de mettre l’accent sur l’esprit de groupe. Cela permet de souder les hommes, d’avoir des chefs d’équipes à l’aise dans leurs fonctions, avec un management qui place l’humain au centre. De cette façon, si nous devons partir en intervention, nous nous connaissons mutuellement, et travaillons en confiance”.

Jeudi 11 novembre 2021, 11h50 : le camion livre enfin les derniers éléments de bois, à un jour et demi de la fin du cours de répétition. Mais les astreints ne se découragement pas et unissent leurs forces pour décharger le véhicule en quelques minutes de ses poutres de chêne massif pesant près de 160 kilos chacune. L’après-midi même, ces dernières sont toutes installées à un rythme ahurissant.

“Je me donne à 100%”, dit fièrement Murad Kurdi, un de nos plus jeunes astreints. “Vous pouvez compter sur moi sur le long terme”. Stéphane Mermoux, charpentier de la maison Gaidon SA qui a élaboré la nouvelle structure, renchérit : “Je suis impressionné par ce boulot abattu en un temps record. Ils ont de la volonté.”

Vendredi 12 novembre, les visages sont marqués par la fatigue mais souriants. “Je ressens de la fierté”, affirme le Premier Lieutenant Laurent Jost. “J’ai appris des autres pendant ces cours, et tous ont appris de l’ensemble de la troupe”. Le fraîchement nommé Caporal Milot Qosa ajoute : “nous travaillons de façon très collaborative et autonome. Je joue mon rôle de référent auprès des astreints, mais je me tourne aussi vers eux, lorsque quelqu’un a plus d’habileté ou de compétences que moi.”

Le goût du travail bien fait et le plaisir de travailler en équipe trouve sa récompense dans la satisfaction qu’expriment les passants : “ça fait dix-huit ans que je me promène ici tous les jours, matin et soir, dit Adriano Santos. Cette petite balade est magnifique, j’y retrouve l’air pur. Je me réjouis de pouvoir à nouveau profiter de la forêt”. Et c’est bien cette restitution à la collectivité qui donne tout son sens aux actions de la Protection Civile, suscitant la reconnaissance de son Commandement et de son Etat-Major.

Quelques chiffres :

  • 39 astreints mobilisés
  • 300 mètres linéaires de sentiers
  • 80 m3 de bois évacués
  • 400 m2 de platelages fixés à l’aide de 9600 vis en inox
  • 44 tonnes de bois transportés à la force des bras
  • 120 litres de thé chaud